Avant de renouer avec le troisième éditorial qui avait été annoncé pour la mi-juillet, il m’importe de vous informer – dans le présent article – de quelques interrogations concernant la création collective de Medjugorje. Advenant une interruption forcée de mes élans d’écriture, mes interpellations seront déjà posées et elles se joindront aux réflexions et discussions que vous poursuivrez.

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On en voudra toujours à la critique de dénoncer la tromperie qui perdure. À témoin, cette menace récente:

« Il est bien connu que le démon déteste Medjugorje. Méfiez-vous de ceux qui attaquent Medjugorje et tout le bien qu’il représente, spécialement lorsqu’ils sont dotés de traits de personnalité tels que l’orgueil, l’envie et la malice. » [traduction = LB]

N’est-ce pas là un étrange écho à l’admonestation qu’adressait Mgr Pavao Zanic dans une lettre à l’abbé René Laurentin, il y a plus de 25 ans ?

« Celui qui n’accepte pas les « apparitions » de Medjugorje, plusieurs le détestent et le considèrent athée. Un fanatisme obstiné a frappé plusieurs fidèles qui étaient bons jusqu’à maintenant; ils deviennent des pénitents extravagants, singuliers… Ici, une guerre religieuse est à envisager… »
[La face cachée de Medjugorje, p. 124]

Pourtant, nous ne faisons que rappeler les règles du jeu que des fervents de mauvaise foi feignent d’ignorer. Selon eux, c’est la cause des bons fruits qui doit primer.

Les « règles du jeu »

Or, les Normes de 1978 en disent tout autrement au chapitre des critères positifs. Après

–    la certitude morale quant à l’existence des faits, acquise au terme d’une sérieuse enquête,
–    les qualités personnelles des visionnaires et leur sincérité envers l’autorité ecclésiastique,
–    la véracité spirituelle des révélations,

vient, en dernier ressort, la prise en compte des fruits spirituels.

Quant aux critères négatifs, le premier de la liste concerne les erreurs manifestes dans l’établissement des faits.

La Congrégation pour la Doctrine de la Foi précise clairement le mandat de l’autorité compétente :

« Afin que l’Autorité ecclésiastique soit en mesure d’acquérir davantage de certitudes sur telle ou telle apparition ou révélation, elle procédera de la façon suivante : […] porter un jugement sur l’authenticité du caractère surnaturel, si le cas le requiert. »

Voici comment le père spiritain Michael O’Carroll a compris les Normes de 1978 :

« Une révélation privée rendue publique pour une quelconque raison – par exemple, pour un message destiné à d’autres – retient l’attention de l’Église pour diverses raisons, principalement parce qu’elle doit être reliée à une révélation publique et ne doit pas troubler l’ordre public.

« La première tâche consiste alors à en établir l’authenticité.

–    On doit appliquer strictement les critères de la critique historique.
–    Il faut exploiter entièrement les ressources de la psychologie normale et paranormale.
–    L’erreur peut s’immiscer à un moment ou l’autre de la communication prétendue. Si on découvre une erreur manifeste, à la suite d’un témoignage fallacieux, d’une maladie psychiatrique, d’une observation erronée, ou d’une lacune dans la narration parlée ou écrite, on peut alors prononcer un jugement défavorable afin d’éviter tout autre mal. Si l’on attribue à l’événement un message ou une intention contraire à l’enseignement de l’Église, la décision sera plus sévère.
–    S’il n’y a pas de raison de faire une intervention de cet ordre, les autorités ecclésiastiques peuvent manifester leur tolérance et accorder aux fidèles la permission de se livrer à des actes de piété à l’endroit où l’on dit que l’apparition a eu lieu.
–    La compétence revient à l’évêque du diocèse. […]

« Benoit XIV, dans son traité classique, a insisté sur le fait que l’approbation de l’Église consiste en une simple permission et qu’elle suggère un assentiment de foi humaine conforme aux règles de la prudence selon lesquelles de telles révélations sont probables et objet de pieuse croyance. […]

« Bref, il faut éviter les extrêmes de la crédulité naïve et du scepticisme irrévérencieux. »

[O’CARROLL, M. (1982) Theotokos: A Theological Encyclopedia of the Blessed Virgin Mary. Wilmington, Delaware: Michael Glazier Inc., p. 48 (traduction = LB)]

Comme feu le père Michael O’Carroll est devenu un ardent promoteur de Medjugorje quelques années après la publication de son Encyclopédie, il m’apparaît important de préciser que si je souscris à son interprétation des Normes, je suis loin de cautionner sa manière singulière de les appliquer. J’y reviendrai lorsque j’exposerai le stratagème qu’il a élaboré de pair avec René Laurentin pour s’opposer à l’évêque de Mostar, en particulier.

Les protagonistes ne jouent pas franc jeu

Retenons, pour le moment, qu’à l’évidence,

les promoteurs et les critiques de Medjugorje s’entendent sur la formulation desdites Normes et sur la nécessité de les mettre en pratique avec une certaine rigueur.

Retenons, aussi, que

l’autorité ecclésiastique compétente a été en mesure d’acquérir davantage de certitudes sur le phénomène de Medjugorje et qu’elle a procédé à la prononciation d’un jugement de « non constat de supernaturalitate » en 1986, réaffirmé en 1991 et encore valide en 2010.

Il semble que les promoteurs de Medjugorje n’aient rien compris : pour eux, depuis 24 ans, il devrait s’agir, ou plutôt, il s’agit d’un « constat de supernaturalitate ». Les protagonistes-promoteurs se comportent comme si la Vierge Marie apparaissait à Medjugorje… et dans la cathédrale Saint-Étienne de Vienne, avec la bénédiction bienveillante du Cardinal Schönborn.

Malheureusement, alors qu’ils connaissent les règles du jeu et montrent l’intention apparente de les appliquer, les protagonistes-promoteurs clés s’engagent dans la voie de la duplicité en violant si pernicieusement les règles que leur crédibilité doive être remise en question. Ils feignent d’oublier que le non constat est accompagné d’une directive pastorale précise qu’on a publiée pour la première fois en 1987:

« Il n’est donc pas permis d’organiser des pèlerinages et autres manifestations motivées par le caractère surnaturel attribué aux faits de Medjugorje. »
La face cachée de Medjugorje, p. 129

Je reprends : — autres manifestationsmotivées par le caractère surnaturelattribué aux faits de Medjugorje.

N’apparaît-il pas évident que les manifestations organisées avec ou sans les visionnaires à Medjugorje, en présentant la Dame de Medjugorje comme un personnage surnaturel, constitue un puissant coup de force contre l’autorité compétente qui a formulé la directive ? Ici, une guerre religieuse se passe sous nos yeux…

La crédibilité se mérite. Après avoir étudié le phénomène de Medjugorje sur la base de :

o    l’observation d’événements sur le terrain,
o    les entrevues que m’ont accordées certains protagonistes et ma correspondance avec ceux-ci,
o    la consultation de documents d’archives de Mostar, des entrevues et ma correspondance avec l’évêque, Mgr Pavao Zanic,
o    ma contre-vérification des études dites  » médicales et scientifiques  » et


o    ma collaboration étroite avec le père franciscain, Ivo Sivric, qui a donné lieu à la publication de La face cachée de Medjugorje,

j’en viens à la conclusion que les protagonistes-promoteurs clés de la cause de Medjugorje :

o    se sont prêtés à la dissimulation d’événements importants et à la falsification de documents historiques,
o    ont contribué à l’élaboration d’un personnage singulier, la « Dame de Medjugorje », dont ils prétendent qu’elle est la Vierge Marie
o    et, qu’en conséquence, ils ne sont pas à la hauteur de la crédibilité qu’on leur a attribuée.

Ma « vision » medjugorjienne est présentée, ici, sous forme de mots-clés que je développerai et étaierai au fur et à mesure des prochains éditoriaux, articles et commentaires. En voici quelques éléments.

Medjugorje : une création collective…

À l’aide d’outils développés par des disciplines qui me sont plus familières — psychologie, électrophysiologie,  socio-politologie — j’ai tenté de reconstruire les premières minutes des événements de Medjugorje et de déceler les enjeux qui en ont alimenté la suite.

Le personnage principal des premiers jours est Ivanka Ivankovic. Elle était en deuil de sa mère décédée, seule et subitement, d’une crise d’asthme bronchique, en avril 1981, à l’âge de 39 ans. Les événements de Medjugorje ont débuté trois jours après son quinzième anniversaire de naissance.

Ivanka est la première qui ait nommé la Gospa, aux côtés de Mirjana Dragicevic qui n’a pas éprouvé le besoin de regarder vers la colline, confirmant par là l’impérience, ou expérience intérieure profonde, de l’adolescente endeuillée.

Personne des pasteurs franciscains n’a, à ma connaissance, tenu compte de cette dynamique psychoaffective capitale.

S’il y a quelque chose d’authentique, au début des événements, c’est bien ce recours spontané au substitut spirituel de sa mère terrestre, d’autant que le lendemain, Ivanka est encore la première à voir la Dame de Medjugorje (DdM). Elle lui demande des nouvelles de sa mère décédée et espère même la voir, ce qu’elle dira s’être produit à quatre reprises jusqu’à l’«apparition» quotidienne ultime de la DdM, le 7 mai 1985.

Voilà des événements marquants qui interdisent à l’analyste minutieux de ne parler que de fraude pour ces premières heures.

Ensuite, le groupe de jeunes se forme en tentant d’imposer son pouvoir — les visions sur la colline — aux parents puis au curé, Jozo Zovko, qui veut rapatrier la DdM à l’église. Les jeunes s’y opposent puis cèdent, en annonçant, au septième jour, la fin des événements pour le dixième jour. Car ils sont soumis à d’importantes contraintes extérieures en provenance de leurs propres parents dont certains on maille à partir avec les autorités politiques, du curé qui craint les représailles des forces policières et de la foule de curieux en attente de miracles.

Dans la soirée du 29 juin, le franciscain charismatique, Tomislav Vlasic, entre dans le décor medjugorjien pour la première fois depuis le début des événements. Il exercera une influence notoire sur les visionnaires, mais d’abord — selon mon hypothèse — sur Jozo Zovko qui se « convertit » à la DdM, au début de juillet 1981.

L’entité : « La Dame de Medjugorje » (DdM)

Je précise d’emblée ce que j’entends par l’expression « Dame de Medjugorje ». Elle ne fait pas référence à la Vierge Marie, figure spirituelle importante dont les qualités ont été reconnues et spécifiées par l’Église catholique au cours des siècles.

La Dame de Medjugorje (DdM), telle que je la perçois, est le produit d’une création collective initiée par l’adolescente endeuillée Ivanka Ivankovic, le 24 juin 1981, et façonnée d’abord par les visionnaires puis par le personnel pastoral de la paroisse qui a contrôlé son image et ses messages véhiculés à travers le monde et qui continue à s’en faire le zélateur.

Je souhaite que l’on retienne ma position respectueuse. Elle porte sur :

o    un personnage singulier créé par les protagonistes de Medjugorje
o    mais elle ne vise pas la Vierge Marie ou celle que les Croates appellent Gospa qui n’est pas concernée par mon hypothèse de travail.

La justification de ma position critique

On a écrit que ceux qui ne croient pas à Medjugorje et attaquent ses adeptes constituent «un mal nécessaire».

Je réponds à cela que mon intention n’est pas d’attaquer Medjugorje ni ses adeptes mais plutôt de me présenter comme un bien utile dans l’esprit des Normes de 1978.

La distinction de la vérité du mensonge, du bon grain de l’ivraie est fidèle à l’héritage de Benoît XIV. Le discernement n’est pas la seule prérogative des experts, des évêques et des cardinaux, car les Normes ouvrent la porte au sensus fidelium, au sens ou au jugement des fidèles.

De sorte que si l’on observe des écrits, des comportements, des manipulations et des dissimulations qui sont contraires à la vérité, le fidèle peut et doit informer d’autres fidèles, en communion avec l’autorité compétente, de transgressions desdites Normes, ou de ce que j’ai appelé les règles du jeu dans le contexte qui nous occupe. N’en va-t-il pas du bien de l’Église ? Selon la formule heureuse du père O’Carroll, il s’agit d’«éviter les extrêmes de la crédulité naïve et du scepticisme irrévérencieux».

La crédibilité de la Dame de Medjugorje (DdM)

La crédibilité de la DdM est écorchée à quelques reprises, au fil des premiers jours, en particulier lorsqu’elle « parle » des Judas incrédules. Nous savons que le père Svetozar Kraljevic et le théologien Mark Miravalle ont tenté de lui «venir en aide» en corrigeant l’adjectif incrédule par infidèle et que l’historien René Laurentin a changé le nom de Judas en Thomas, car, m’a-t-il dit lors d’une conversation téléphonique, le 4 août 1988: « un historien doit tenir compte des lapsus ».

Mais là où cette crédibilité est le plus atteinte, c’est lorsque la DdM passe outre à son annonce de la fin de ses apparitions, le 3 juillet 1981, pour continuer à se manifester les jours suivants. Cet accroc à la vérité et à la cohérence apparaissait trop humain. Il fallait corriger cette « bévue ». En conséquence, le personnel pastoral de la paroisse et René Laurentin, entre autres promoteurs, ont passé cette méprise sous silence. Je le démontrerai très bientôt à l’aide de documents authentiques qui dévoilent la falsification historique.

L’irresponsabilité pastorale des Franciscains à l’égard des visionnaires (été et automne 1981)

Pendant ce que René Laurentin appelle la « phase clandestine », les visionnaires s’amusent à des jeux spirites, sans en être découragés par le personnel pastoral. À l’automne, Ivica Vego et Ivan Prusina se manifestent avec plus d’acharnement contre l’évêque de Mostar et utilisent les visionnaires et la DdM pour raffermir leur position.

D’« otages spirituels » qu’ils étaient après le 3 juillet, pendant la phase discrète d’endoctrinement — car les Franciscains ne souhaitaient manifestement pas la fin des «apparitions» annoncée par la DdM, puisqu’ils la taisaient — les visionnaires deviennent, à l’automne 1981, solidaires de leurs « ravisseurs spirituels » franciscains et les soutiennent jusqu’à aujourd’hui.

L’invraisemblable histoire des secrets

Septembre 1981 : cinq secrets au total déjà transmis aux visionnaires

L’affaire des secrets a été négligée. Il faut se souvenir que la première version concernant l’existence des secrets — cinq secrets déjà donnés aux visionnaires — est connue le 9 septembre 1981 [cf La Face cachée de Medjugorje, p. 95-96]. Le personnel pastoral de Medjugorje tait cette version dans ses écrits officiels.

Octobre 1982 : dix secrets au total 3 déjà transmis, sept à venir

Ce n’est qu’en octobre 1982 que paraît la deuxième version devenue officielle dans Informacije [cf La face cachée de Medjugorje, p. 96]. Cette deuxième version veut que les visionnaires n’aient reçu que trois secrets, en tant que groupe, et qu’ensuite, on leur en transmette sept autres individuellement.

De cinq secrets, on passe à la possibilité de quarante-cinq (7×6+3). N’est-ce pas là un stratagème qui permet d’allonger la sauce jusqu’à nos jours et au-delà ?

Les secrets sont-ils le fait des visionnaires seuls, de Tomislav Vlasic, leur directeur spirituel, ou des deux parties, d’un commun accord négocié ?

Du côté des visionnaires, le « pouvoir » des secrets leur permet de se démarquer des adultes. On semble avoir ignoré cette dynamique adolescente. Toutefois, le deuxième procédé des « secrets à être livrés » leur donne un contrôle quasi absolu sur le déroulement des événements, avec l’aval des franciscains de Medjugorje par l’intermédiaire du père Petar Ljubicic.

La Dame de Medjugorje et le nationalisme croate

Voilà une question bien délicate et complexe qu’il importe d’aborder.

Récemment, la BBC a diffusé un reportage révélateur de cette dimension. Le journaliste Allan Little soumet que, dans cette région du monde, la religion et l’identité nationale sont inséparables. Le père Tomislav Pervan, ex-curé et membre du personnel pastoral de Medjugorje approuve.

L’entrée en scène de la Reine des Croates à Medjugorje est perçue comme une caution des aspirations nationalistes croates dans un milieu entouré de Bosniaques (musulmans) et de Serbes (orthodoxes). Après tant de siècles de dominations étrangères de toutes sortes, le peuple croate est enfin libéré avec l’appui de la Vierge Marie, affirme le père Pervan.

Malheureusement, pendant la guerre de Bosnie-Herzégovine qui dure plus de trois ans (1992-1995), les ethnies s’entredéchirent : expéditions punitives menées par des combattants sans foi ni loi, avec viols, massacres, nettoyage ethnique, camps de concentration.

Quelle a été la réaction de la Dame de Medjugorje à la vue des « siens », des combattants croates, partis massacrer des orthodoxes et des musulmans au large de son village de prédilection ? Leur a-t-elle adressé des remontrances spécifiques ?

Je n’ai pas de réponse documentée à ces questions. Mais une nouvelle publiée dans le Bulletin de Medjugorje, (No 142, 2000-05-03) me rend perplexe. Elle est intitulée « Voyage missionnaire du père Slavko Barbaric » qui raconte :

« Le 7 avril, avant de me rendre en Belgique, j’ai rendu une nouvelle visite à nos détenus à La Haye, cette fois-ci animé par un sentiment très particulier. Jusqu’à présent, j’étais toujours porté par un grand espoir en la justice du Tribunal et la dignité de son attitude. Lors de ma dernière visite en septembre dernier, nous avons tous espéré que les sentences qui seraient prononcées concerneraient uniquement la responsabilité personnelle de chacun, qui d’ailleurs chez certains, après quatre ans d’investigations, n’a pas pu être établie. Nous avions en même temps éprouvé une certaine crainte de la politisation du Tribunal, crainte qui s’est maintenant avérée bien fondée, mais nous gardions espoir ! Tout récemment, le Tribunal a montré ses vraies intentions : il s’est transformé en un procès contre le peuple croate et les personnes honnêtes et nobles. Les jugements ont été prononcés : 45 ans, 25 ans, 10 ans, 8 ans…

« Il était difficile pour moi d’aller à la rencontre de ces hommes, mais j’étais heureux de le faire, car Medjugorje signifie beaucoup pour eux. Le premier groupe de personnes qui s’est rendu au Tribunal de son plein gré est d’abord passé par Medjugorje pour prier et demander le courage de la Reine de la Paix. Ils ne pouvaient pas imaginer que la vérité et la justice n’étaient pas les mêmes pour les grands et pour les petits, pour les puissants et pour les faibles. Ils ne pouvaient pas savoir à quel point eux-mêmes et le peuple auquel ils appartiennent étaient petits aux yeux des grands qui ne lui accordaient même pas le droit à l’autodéfense stigmatisée comme une agression !

« Toutes ces pensées habitaient mon cœur lorsque je traversais les portes et les couloirs de la prison. En attendant que la dernière porte s’ouvre, j’ai aperçu le général Blaskic et son avocat Nobilo avec deux autres hommes devant une montagne de documents. Le général Blaskic s’est immédiatement levé pour nous demander de l’attendre pour la Messe et la confession, nous disant qu’il viendrait dès qu’il aurait fini avec ses avocats. Son attitude, l’expression de son visage et un signe joyeux de la main m’ont immédiatement libéré de l’inquiétude à son égard qui m’habitait avant cette rencontre, première depuis la prononciation de la sentence qui le frappe, sentence considérée comme injuste par l’ensemble du peuple croate, ce qui a été exprimé à tous les niveaux.

« Après la dernière barrière, j’ai salué les détenus qui m’attendaient sans un mot. J’étais de plus en plus à l’aise et heureux, car j’ai vu qu’ils n’avaient perdu ni l’espoir ni l’envie de se battre pour prouver leur innocence. Ils ont accepté les sentences dans la conscience qu’ils continuent à souffrir pour leur peuple, pour qui ils étaient prêts à offrir leur vie en défendant leurs foyers. Je pensais : nous ne devons pas les oublier, nous devons être dignes d’eux, ils doivent savoir que leur sacrifice n’est pas vain. Ils avaient beaucoup de questions, voulaient savoir ce qui se passe. Après une conversation spontanée, ils ont demandé la confession et des entretiens personnels. Dans chacun de ces entretiens, j’en suis le témoin, j’ai senti une foi ferme, une profonde espérance et un amour guérissant qui pardonne. L’atmosphère était solennelle. Ils saluent tout le monde et souhaitent à tous la joie pascale. Je leur ai promis que nous ne les oublierons pas.

« Lorsque les portes de la prison s’ouvraient et se fermaient, accompagnés du bruit des clés, j’ai profondément souhaité que le sacrifice de ces gens soit béni et que tout se transforme en bien. C’est, en effet, le message de Pâques. »

Tout cela serait bien édifiant s’il s’agissait d’innocentes personnes dont le « sacrifice devrait être béni ». Mais le père Barbaric louange des criminels de guerre qui ont commis des crimes contre l’humanité, non pas en «défendant leurs foyers» mais en menant un assaut planifié contre le hameau d’Ahmici et d’autres lieux habités dans la vallée de la Lasva.

Est-ce de cette pastorale missionnaire nationaliste singulière que se nourrissent les thuriféraires de Medjugorje ?

La Dame de Medjugorje — qui, selon le visionnaire Ivan, parle un pur croate — s’est-elle exprimée sur cette façon belliqueuse d’envisager la « défense du peuple croate » ?

En passant, a-t-elle prononcé, depuis 1981, un seul mot de bienvenue dans l’une des centaines de langues propres aux millions de visiteurs étrangers qui lui ont rendu visite dans son village de prédilection ? Cela m’étonne encore qu’on ne s’étonne pas de cette incongruité concernant les règles de la politesse élémentaire…

Les Franciscains de Medjugorje ont de fortes ambitions qu’ils font accepter par les pèlerins de bonne foi. Lors de mon séjour à Medjugorje, l’évêque de Mostar, Mgr Pavao Zanic, les suspectait, voire les accusait, de manipuler les visionnaires en écrivant eux-mêmes les messages de la DdM. À ce moment-là, ils étaient moins riches qu’aujourd’hui, alors que 2G$ sont entrés à Medjugorje depuis 1981.

Maintenant, ils sont riches, si riches qu’ils ont pu investir 40% des parts dans la fondation de la Hercegovacka Banka.

Ils sont très puissants. Ils disposent de la pleine collaboration des visionnaires devenus adultes. Ils ont, au fil des ans, établi un lobby important à Rome. Ils pourraient « se passer » de l’évêque de Mostar, Mgr Ratko Peric, qui est devenu tout aussi encombrant que son prédécesseur, si la Congrégation pour la Doctrine de la Foi répondait à leurs ambitions diocésaines, nationalistes et internationales en prononçant une décision politique en leur faveur.

Mais le nouveau président de la Congrégation pour les évêques pourrait « inviter » Benoît XVI à ne pas recourir à cette décision politique concernant Medjugorje. Le Cardinal Marc Ouellet n’a-t-il pas déclaré récemment :

« Nous avons besoin de discernement spirituel et non pas seulement de calcul politique sur la probabilité que le message puisse ne pas être accepté. »

Le succès des promoteurs Franciscains et autres de Medjugorje est attribuable à l’application d’une philosophie particulière appelée conséquentialisme, une variante de l’utilitarisme dont la devise est bien connue:

« La fin justifie les moyens ».

L’appropriation de cette devise mine la crédibilité de certains personnages clés de la création medjugorjienne qui l’ont adoptée.

La crédibilité des figures de proue de l’aventure medjugorjienne

J’ai déjà nommé les protagonistes dont j’analyserai bientôt les écrits et les comportements se rapportant aux premiers mois des événements : l’historien et journaliste René Laurentin et le franciscain Tomislav Vlasic. Ces deux personnages sont au centre de l’élaboration de la Dame de Medjugorje. Ils se sont tous deux opposés vigoureusement aux interventions de l’Ordinaire de Mostar qui, l’histoire nous le confirmera, a peut-être vu juste dans le jeu de leurs manipulations.

La question de leur crédibilité est primordiale. Je tenterai de la soulever à l’aide de documents dont certains sont inédits. Je prie les lecteurs de me juger sévèrement selon la solidité des preuves documentaires que j’exposerai et de ne pas hésiter à me signaler toute bifurcation de cette ligne de conduite.

Vos commentaires sont les bienvenus, sauf ceux des « anonymes » qui seront éliminés d’emblée.

Avec mes salutations cordiales,

Louis Bélanger

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