Le 25 juin, 1981 : la deuxième « rencontre » entre la « Dame de Medjugorje » et Ivanka Ivankovic (15 ans), accompagnée de Mirjana Dragicevic (16 ans), Vicka Ivankovic (16 ans), Marija Pavlovic (16 ans) et Jakov Colo (10 ans) a lieu aujourd’hui, en fin d’après-midi.

Ivanka décide de retourner à l’endroit où elle a vu la silhouette blanche se manifester la veille.

Pourquoi ? :

« Tout le monde ne cesse de nous dire comment la Gospa est apparue dix-huit fois à Lourdes à la même occasion.  » (au Père Cuvalo, enregistré sur ruban magnétique, le 1981-06-27 – La face cachée de Medjugorje, p. 198)

Ivan Dragicevic est absent :

Le premier soir, j’étais avec elles. Le deuxième soir, je n’y étais pas. (idem, p. 214)

Le deuxième soir, je n’y suis pas allé. J’ai travaillé aux champs : je ramassais les feuilles de tabac. (idem, p. 220).

Ivanka met quelque temps pour repérer la « Dame de Medjugorje » puis s’écrie :

« Elle vient de nous apparaître. La voilà ! La voilà ! » (idem, via Vicka, p. 199-200)

Marija :

Nous lui avons demandé un signe et elle l’a laissé sur la montre. (idem, p.201)

Vicka :

J’ai dit : « Ma Gospa, donne-nous quelque signe, » et je ne voulais pas dire sur le sol. Et de nouveau, avec nonchalance : « Ma Gospa, donne-nous une sorte de signe. » Puis, je [me suis tournée et j’ai dit] à Mirjana : « Quelle heure est-il ? » Elle m’a dit : « Vicka, la montre a complètement fait le tour. » Elle m’a dit cela à cet instant… (idem, p. 202)

Ivanka :

La première fois lorsque je lui ai fait une demande à propos de ma maman, elle a dit : « Elle va bien ! » (idem, p. 205)

Ivanka :

Ma Gospa, est-ce que tu vas venir demain ? Elle a fait signe que oui avec sa tête et en quittant lentement, elle a dit : « Allez dans la paix de Dieu ! » (idem, p. 202)

Résumé :

le deuxième jour, selon les visionnaires, la « Dame de Medjugorje »

a dit :

« Elle va bien ! » (visant la mère d’Ivanka décédée)

« Allez dans la paix de Dieu ! »

et a donné

un signe sur la montre de Mirjana.

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Remarques préliminaires

Les messages et le signe de la « Dame de Medjugorje » prennent forment dès le deuxième jour des événements de Medjugorje. Il m’apparaît important que les lecteurs de Medjupedia prennent connaissance de nos sources primaires et de notre position.

→ Nos sources primaires

Il s’agit de la première tranche du « Journal » de Vicka, l’une des visionnaires, et de 15 transcriptions de conversations enregistrées sur ruban magnétique entre les visionnaires et le personnel pastoral de la paroisse St-Jacques de Medjugorje, du 27 au 30 juin 1981. J’ai présenté ailleurs ma rencontre avec le père franciscain Ivo Sivric et les modalités de notre collaboration qui aboutit à la publication de La face cachée de Medjugorje,  en 1988, et de sa version anglaise, The Hidden Side of Medjugorje,  en 1989.

→ Nos sources primairess ont-elles authentiques ?

Plus personne ne doute aujourd’hui de l’authenticité des documents magnétophoniques que nous avons transcrits. Les originaux ont été déposés aux archives de la paroisse de Medjugorje, et des duplicatas se retrouvent, entre autres lieux, à l’évêché de Mostar et chez M. Grgo Kozina, un paroissien qui en a généreusement fourni des reproductions au père Ivo Sivric et à Mme Daria Klanac, fervente de Medjugorje.

→ Nos transcriptions sont-elles fiables ?

En 1987, j’ai demandé à l’évêque de Mostar de confirmer, par écrit, sa permission de publier en validant chacun des trente-huit documents écrits et sonores qu’il mettait à notre disposition, de même que leur traduction en langue française qu’il connaissait bien. Il s’y prêta de bonne grâce comme en font foi les deux premières pages d’une liste complète qu’il a paraphée.

Donal Anthony Foley, un auteur méticuleux dont je recommande la lecture – Medjugorje Revisited (p. 26-34) et qui connaît bien la langue française, a comparé les transcriptions effectuées par le père Sivric et par mes soins à celles qu’a publiées Mme Klanac, dix ans plus tard.

Il faudrait un article entier – que je me promets de rédiger un de ces jours – pour traiter de la question en évaluant les forces et les faiblesses de chacun des auteurs/traducteurs. Qu’il soit dit, pour le moment, que le jugement de M. Foley est positif : nos transcriptions sont fiables… On peut lire son analyse dans son livre, p. 26-34, mais aussi sur Internet dont le document garde la même pagination.

Un théologien et psychologue dont la langue maternelle est le croate, Ivan Zeljko, aaussirendu hommage à notre commun effort dans sa thèse de doctorat en théologie (452 pages, 1621 notes) publiée en 2004 : Marienerscheinungen – Schein und Sein aus theologischer und psychologischer Sicht – Dargestellt am Beispiel der Privatoffenbarungen in Medjugorje.

Voici, traduit par mes soins, un court passage qui reflète son respect pour notre travail qui, à sa connaissance, est « la seule étude sur les événements de Medjugorje qui soit fondée scientifiquement. […] Dans cette étude critique, Sivric soumet, en plus de nombreux renseignements et documents importants sur Medjugorje, les premières entrevues enregistrées sur bande magnétique qui aient été rendues accessibles au public pour la première fois. » (p. 27-28)

→ Medjugorje : une création collective.

À l’aide d’outils développés par des disciplines qui me sont plus familières — psychologie, électrophysiologie,  socio-politologie — j’ai tenté de reconstruire les premières minutes des événements de Medjugorje et de déceler les enjeux qui en ont alimenté la suite.

Le personnage principal des premiers jours est Ivanka Ivankovic. Elle était en deuil de sa mère décédée, seule et subitement, d’une crise d’asthme bronchique, en avril 1981, à l’âge de 39 ans. Les événements de Medjugorje ont débuté trois jours après son quinzième anniversaire de naissance.

Ivanka est la première qui ait nommé la Gospa, aux côtés de Mirjana Dragicevic qui n’a pas éprouvé le besoin de regarder vers la colline, confirmant par là l’impérience, ou expérience intérieure profonde, de l’adolescente endeuillée.

Personne des pasteurs franciscains n’a, à ma connaissance, tenu compte de cette dynamique psychoaffective capitale.

S’il y a quelque chose d’authentique, au début des événements, c’est bien ce recours spontané au substitut spirituel de sa mère terrestre, d’autant que le lendemain, Ivanka est encore la première à voir la Dame de Medjugorje (DdM). Elle lui demande des nouvelles de sa mère décédée et espère même la voir, ce qu’elle dira s’être produit à quatre reprises jusqu’à l’«apparition» quotidienne ultime de la DdM, le 7 mai 1985.

Voilà des événements marquants qui interdisent à l’analyste minutieux de ne parler que de fraude pour ces premières heures.

L’entité : La « Dame de Medjugorje » (DdM)

Je précise d’emblée ce que j’entends par l’expression « Dame de Medjugorje ». Elle ne fait pas référence à la Vierge Marie, figure spirituelle importante dont les qualités ont été reconnues et spécifiées par l’Église catholique au cours des siècles.

La Dame de Medjugorje (DdM), telle que je la perçois, est le produit d’une création collective enclenchée par l’adolescente endeuillée Ivanka Ivankovic, le 24 juin 1981, et façonnée d’abord par les visionnaires puis par le personnel pastoral de la paroisse qui a contrôlé son image et ses messages véhiculés à travers le monde et qui continue à s’en faire le zélateur.

Je souhaite que l’on retienne ma position respectueuse. Elle porte sur :

o    un personnage singulier créé par les protagonistes de Medjugorje
o    mais elle ne vise pas la Vierge Marie ou celle que les Croates appellent Gospa — dont on célèbre l’anniversaire de naissance aujourd’hui — qui n’est pas concernée par mon hypothèse de travail.

De retour au deuxième jour (1981-06-25)

Observations

Voici certaines observations significatives telles que je les ai identifiées :

– Ivan Dragicevic est absent;

– l’une des visionnaires indique à voix haute l’arrivée ou le départ de la DdM;

– des visionnaires reconnaissent que la DdM a laissé un signe sur la montre de Mirjana;

– Ivanka s’enquiert de sa mère décédée auprès de la DdM qui lui dit qu’elle se porte bien.

En préparant Le « mystère tel qu’il se fait à Medjugorje », il m’a semblé si intéressant de considérer le sort que les principaux propagandistes ont réservé à ces observations — du premier au dixième jour — que j’ai décidé d’y consacrer une série d’articles à part intitulée : Medjugorje – le diable niche dans les détails… Elle identifiera et examinera ces « détails » qui me paraissent significatifs. J’attacherai mon regard sur les observations mentionnées plus haut — concernant le deuxième jour — dans le premier article de cette nouvelle série qui sera publié autour du 20 septembre.

Cordialement,

Louis Bélanger